24 mars, 2012

J'm'en vas t'amener où c'est silence

Le silence du nord s’éprend de moi. Les aurores boréales me bouche bée. Je m’incline doucement devant cette nature plus grande que moi, vers un ciel où on a l'impression de pouvoir toucher aux étoiles, devant ces cieux qui semble briller encore plus fort au nord, qui brille pour montrer qui règne; je m’incline devant un vent plus fou que moi encore; devant un froid pouvant me stupéfier et des brillances pouvant me liquéfier.

Le bruit du silence semble nous envahir et rendre la parole vaine. Une impression qui nous fait introspecter et nous faire croire qu’une vie entière ne nous permettra pas de comprendre ce qui a permis à un peuple de survivre saisons après saisons. N’est certes pas dupe la raison qui faisait compter les âges par le nombre d’hiver survécus…ainsi un enfant avait 2 -3 hivers et non 2 ans, 3 ans… la survie… voilà ce qui guidait leur vie, il n’y a pas de cela bien des lunes.

Mon hiver n’est pas fini, pourtant malgré les désirs de rejoindre les miens et le bonheur de les sentir près de moi, d’entendre leur rire et les sentir près de moi, je ne peux que tenter de vouloir faire savoir que ici… il faut le vivre… le voir … le sentir… s’ouvrir… pour tenter à peine de comprendre des bribes, s'imaginer une partie et se questionner sur le reste.

Je tente de décortiquer une vie qui en fait me prendrait des siècles à comprendre.

Pouvez-vous saisir qu’ici l’esprit de survie règne encore, que toute la nature est encore la seule maitresse, et ce, malgré la masse d’information qui nous est donnée. Que l’union d’un peuple commence par l’enfant vivant dans le dos de sa mère qui ressent à chaque instant les battements de son cœur et les vibrations de sa voix ou de ses chants. Pour qui les rapprochements des corps la nuit, dormir tous ensemble dans une pièce et près les uns des autres est une question de survie contre le froid, les attaques, mais aussi du besoin d’être près des autres. Que c’est une coutume qui ne se perd pas si simplement et pourquoi la délaisser? Combien d’autres peuples vivent ainsi, sans pour autant qu’on les juge? Parce qu’ils sont encore plus loin? Est-ce que le confort des uns signifie systématiquement le confort des autres?

Culture où le travail à notre sens n’a que trop peu de sens, suivant aucun rythme naturel. Si je vous dit qu’en décembre le soleil se levait à gauche de ma fenêtre et se couchait à droite mais qu’aujourd’hui je ne peux même pas voir l’endroit où il se lève et que j’ai l’impression qu’ils se couchent plus loin d’où il s’est levé. Où j’ai l’impression que, quand j’entends les chiens hurler, c’est que les aurores boréales se sont misent à danser et que c’est leur façon de nous en avertir. Je me demande si je suis normale quand je pense que je pourrais avoir un délicieux repas et une superbe fourrure pour mes mitaines ou mon parka si j’attrapais le lapin qui se promène juste là dans la forêt.

Je ne suis pas une locale; trop de choses nous distingues encore, mais je vous jure que parfois je trouve que y’a trop de voix forte au restaurant, que c’est désagréable pour moi de serrer la main avec un gant , que pour moi le froid fait parti de ma vie et que secrètement je n’envie pas les 25 degrés du sud, bien que je rêve du jour où j’irai camper et ramasser les fruits de l’été. Que de dire bonjour avec les sourcils et approuver en inspirant est désormais normale et que je me mors les doigts de pas pouvoir parler et comprendre leur langue...

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